Meilleurs voeux de Noël

Bien chers amis,

En cette avant-veille de Noël, je vous envoie tous mes meilleurs vœux de Paix et d’Amitié. Je ne suis pas vraiment en avance pour vous écrire, mais en ce moment de fête, vous êtes tous et toutes dans ma prière. Noël nous rappelle chaque année que Dieu a voulu devenir l’un des nôtres afin que nous puissions vivre en union avec Lui. L’Église a le privilège, mais aussi la responsabilité, de réaliser le grand rêve de Dieu. Nous avons d’ailleurs la chance d’être gentiment mais fermement guidés par le Pape François qui, pratiquement tous les jours, nous pousse à l’examen de conscience.

En ce qui me concerne, j’ai eu une année bien mouvementée. Pendant la première moitié de l’année, j’ai continué à faire l’aller-retour entre mon logement et la paroisse. Ce n’est qu’au mois de juillet que nous avons pu déménager à la paroisse dans le presbytère “retapé” grâce à l’intervention de notre Maison Générale à Rome. J’ai vécu en communauté avec le Frère René, Canadien d’environ 70 ans, et Martin Somda, un Burkinabé de 28 ans, encore en formation. Quant à George, confrère ougandais de 45 ans, il résidait à Pietermaritzburg où il étudiait à l’université.

Au début de l’année le Conseil Général m’a proposé de quitter prochainement l’Afrique du Sud en vue de reprendre la responsabilité de la communication dans la Société des Missionnaires d’Afrique, en interne et en externe. Il s’agit surtout du site internet, mais c’est évidemment beaucoup plus large si l’on considère l’affluence des nouvelles technologies de la communication. Je déménagerai donc à Rome en Janvier 2016, dans un an environ.

Entre-temps, la paroisse de Lebombo ne s’est pas vraiment remise du départ tragique du Père Sébastien, ce jeune confrère congolais tué dans un accident de voiture en janvier dernier. Nous avons finalement du nous résoudre à renoncer à cette paroisse. Le confrère tanzanien qui y travaillait est retourné en Tanzanie, où il est supposé reprendre des études en vue de la formation; le stagiaire Samuel, de la Côte d’Ivoire, a été déplacé à mon ancienne paroisse, Lénasia, au sud de Soweto; et Faustin, jeune prêtre congolais qui était supposé prendre la place de Sébastien, a été nommé à Henley, dans la paroisse où je suis curé... enfin jusqu’à Noël car nous sommes trop peu nombreux pour trois paroisses, mais trop nombreux pour deux. En effet, il y a deux mois, Lamec, jeune ordonné du Burundi, est lui aussi arrivé à Henley. Et George a terminé ses études et prendra ma place à partir de Noël. Pendant deux ans, j’étais quasiment le seul prêtre à temps plein, maintenant ils sont trois et vont pouvoir faire du beau travail.

Moi-même, je repartirai après Noël pour Johannesbourg où je résiderai dans la communauté d’accueil. Je continuerai à être le supérieur délégué (du Provincial qui est en Zambie) pour l’Afrique du Sud. Mais surtout, j’espère pouvoir me faire opérer de la hanche gauche qui m’ handicape énormément, idéalement en février. Au début juin, je partirai pour mon congé de trois mois, puis en septembre, j’irai à une session de renouvèlement à Jérusalem pendant trois autres mois - enfin s’il n’y a pas trop de bombes (LOL). Je passerai Noël l’année prochaine à la maison avant de me rendre à Rome pour m’attaquer à mon nouveau travail.

Comme le pape François le suggère régulièrement, le berger se doit de visiter son troupeau et d’en respirer son odeur. Une manière bien sympathique de nous encourager à visiter les gens, et surtout les plus démunis. Pendant mes deux années à la paroisse, j’ai visité quelques familles qui vivent vraiment dans la précarité. J’aimerais vous présenter celle de Londiwe, une jeune femme de 32 ans qui vit avec sa maman, un frère pas très stable et quelques cousines qui n’ont d’autre famille et de... 9 enfants entre 2 et 16 ans (voyez donc la photo)! La seule qui a du travail, c’est Londiwe, depuis que nous l’avons engagée à la paroisse comme cuisinière. Je suis presque honteux de vous dire qu’elle gagne à peine 200 euros... Et pourtant elle en est très reconnaissante. Je la pousse à reprendre des études (par correspondance) à partir de juillet l’année prochaine. Son rêve est de devenir enseignante et elle en est bien capable.

À propos d’enseignant, vous vous rappelez sans doute d’Anele que, grâce à la générosité de beaucoup d’entre vous, j’ai pu aider tantôt pour son minerval, tantôt pour son logement, son transport ou son entretien ? Et bien, il vient de terminer fin novembre ses quatre années d’université et a son diplôme d’enseignant. Il a même déjà trouvé du travail. Il se demandait récemment comment il pourrait repayer tout ce qu’il a reçu par mon intermédiaire. Je lui ai répondu d’une très jolie expression anglaise : “Pay it forward!”, ce qui signifie que c’est maintenant à son tour d’en aider d’autres. Il a promis qu’il le ferait.

A Johannesbourg, chez Auntie, c’est Lindo qui a terminé son enseignement secondaire technique. Mais trouver du travail sera une autre paire de manches. Un des plus jeunes a terminé Grade 10 et rentrera en Grade 11 (avant-dernière année d’humanité) en janvier. L’autre a eu des hauts et des bas pendant l’année - surtout des bas en fait - et doit redoubler son Grade 10. Quant à Patrick, le congolais qui travaille dans un “take-away” chez mes amis “indiens” Kieth et Shamla, il va très bien. Comme vous le savez, il a un enfant, s’est construit sa maison, voudrait se marier bientôt et commencer son propre commerce.

Je vous suis très reconnaissant pour toute l’aide que vous m’avez permis de prodiguer au cours de ces dernières années. Beaucoup ont bénéficié de votre aide, et continueront d’en profiter jusqu’au moment où ils pourront eux-mêmes en aider d’autres. Je compte sur mon confrère belge, Mathieu, pour continuer à veiller sur mes petits projets lorsque je serai parti.

Au terme de mon premier séjour en Afrique, des scouts chantaient à la soirée d’adieux : “partir, c’est mourir un peu...” Et c’est bien vrai car, à force de sentir l’odeur de mes brebis, je deviens l’une d’entre elles, et en les quittant, j’abandonne beaucoup de moi-même !

Joyeux Noël encore et bonne année 2015 !

Avec toute mon amitié,

Philippe

Quelques nouvelles perso et de TYC

Bien chers amis,

Je viens de passer une dizaine de jours au Malawi où j'avais deux réunions: la réunion du pouvoir organisateur du centre de formation que nous avons au Malawi (comme "premier cycle" - c'est-à-dire les "philosophes" - le centre dépend entièrement de la Province et non de Rome comme le 3ème cycle duquel je faisais partie jusqu'à l'an passé). J'ai passé deux jours à interviewer des séminaristes puis un jour complet de réunion. Après un weekend de repos, nous avons alors commencé le Conseil Provincial qui a duré trois jours et demi. Le deuxième jour, je me suis réveillé avec une inflammation pas très ordinaire dans le bas du dos. J'ai vu un médecin (congolais !!)  sur place qui a parié sur une piqûre d'arraignée et m'a donné de l'anti-histaminique. Mais cela n'a pas aidé. De retour à Johannesbourg, j'ai vu un médecin généraliste qui m'a envoyé chez un derrmatologiste qui n'y a rien compris. Je suis de retour à Merrivale, mais l'inflammation s'est durcie en un gonfelement d'un cm et demi d'épaisseur sur une longueur de 6 ou 7 cm et de 3 cm de large... Légèrement inquiétant, surtout quand on ne sait pas ce que c'est. J'ai un rendez-vous demain chez un médecin à Howick. Je pense qu'il faut passer à la vitesse supérieure.

A la paroisse, tout va bien. Enfin, considérant la situation, tout va bien! Un nouveau confrère est arrivé dans la communauté: George, Ougandais d'une bonne dizaine d'année plus jeune que moi. Mais il est parti samedi dernier pour apprendre le zoulou. Il reviendra quand il sera prêt, entre trois et six mois. René vit aussi avec moi. Il est canadien et, comme frère père blanc (eh oui, c'est possible d'être frère et père à la fois...) il a été en charge des comptes de la province et du secteur pendant les vingt dernières années. Il n'est plus tout jeune, mais veut encore utiliser l'énergie qu'il a au travail pastoral dans notre nouvelle paroisse. Mais évidemment, il ne peut pas célébrer la messe, mais il peut célébrer une assemblée en l'absence d'un prêtre et surtout, il a pas mal d'expérience dans la construction... Et comme on doit construire un nouveau presbytère... Les chrétiens de la paroisse sont en général absolument charmants et vraiment demandeur de services pastoraux, pas seulement les services égoïstes, mais aussi la formation pour les responsables de communautés, les catéchistes, les responsables des différents groupes comme les jeunes, les chorales, les divers groupes d'hommes et de femmes, etc.

A Thembalabasha, tout semble aller bien. A mon retour du Malawi, je suis passé chez Auntie, où j'ai rencontré les jeunes dont nous nous occupons (vous vous occupez). Voici deux lettres de jeunes (en anglais) adressées à vous. Elles répondent à la question: présentez-vous et exprimez pourquoi vous pensez que vous avez besoin d'aide:

Ceci est la lettre - en anglais - de Mpho Mngomezulu, le petit frère de Lindo, récemment accueilli par "Auntie". Voici la traduction:

Bien cher, Je m'appelle Mpho nMngomezulu, j'ai 15 ans, je suis un enfant adoptif qui grandit sans parent. Je demande votre aide pour mon éducation (éducation, en anglais, fait référence essentiellement à l'école). Depuis l'âge de six ans, je vis sans parent, et ma grand-mère est décédée alors que j'avais six ans.Mon grand-père est très pauvre et ne peut m'aider car il ne travaille pas. Et donc, s'il vous plaît, aidez-moi. J'ai un frère qui n'a pas de parent non plus, son nom est Lindokuhle Mngomezulu (Lindo) qui a 18 ans. Il a grandi juste comme moi (sans parent). S'il vous plaît, aidez-moi. Merci. 

Et voici la lettre de Bafana (Innocent Ndaba, frère de Big Boy si vous vous souvenez):

Bien cher, je m'appelle Innocent. J'habite à Willers Farm et je viens d'une famille très pauvre qui ne peut pas faire face aux frais scolaires - minerval, uniformes et lunch. J'habite avec un seul parent (en fait sa mère, mais qui lutte contre le sida) et deux frères qui ne travaillent pas et n'ont (pratiquement) pas d'éducation (Big Boy était avec nous mais a décidé, alors qu'il était en 7ème année de prendre congé de nous). Je suis le seul à aller à l'école et je veux qu'ils soient fiers de moi. Je voudrais vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi, pour avoir payé mon minerval, mon uniformes et autre vêtements, mon argent de poche pour l'école. Je demande que Dieu vous bénisse et je vous souhaite une longue vie.

Dimanche passé, c'était le dimanche des vocations. Dans les trois églises où j'ai célébré la messe, j'ai appelé les garçons et les filles de 12 à 16 ans. Je leur ai demandé:
1. Croyez-vous vraiment que Dieu vous aime, quel que soit votre comportement?
2. Croyez-vous que Dieu est le créateur du genre humain et de l'acte sexuel?
3. Croyez-vous que Dieu a besoin de vous pour continuer à créer un monde où l'amour authentique domine?

Je leur ai alors expliqué pourquoi lre marriage est considéré par l'eglise comme étant un sacrement, c'est-à-dire un signe visible de l'amour et de la présence de Dieu dans notre monde.

Beaucoup d'entre eux étaient persuadés que l'acte sexuel ne vient pas de Dieu, qu'il est une déviation humaine... Et donc, tant qu'à pécher, péchons complètement. Mais si l'acte sexuel est ce que Dieu veut, à condition de suivre le mode d'emploi, alors ça devient plus réaliste et intéressant... L'Afrique du Sud est un des pays où le taux de viol est un des plus importants au monde. Je suis très confiant que nos jeunes, avec l'information qui convient, peuvent changer cela.

Je vous souhaite un très bon printemps. Pensez à nous, nous rentrons dans l'hiver!!

Amitiés,

Philippe