mardi 29 juin 2010

Le "mondial" continue... avec et en Afrique!

La dernière fois que j'ai mis les pieds dans un stade de foot - et d'ailleurs la seule fois - c'était à l'Union St Gilloise en 1974, si je me souviens bien. Et bien, tenez-vous bien, ces deux derniers jours j'ai eu la grande chance d'assister à deux "huitième de finale" dans les deux grands stades de Johannesbourg: dimanche soir à "Soccer City", un stade de grande classe, pour le match Argentine-Mexique, et lundi soir à Ellis Park, le stade historique où a eu lieu la finale de la Coupe du Monde de Rugby en 1996 (victoire de l'Afrique du Sud - cfr le film 'Invictus'), pour le match Brésil-Chili.

Le Sud du globe n'a décidément plus rien à envier au Nord. Je suis très fier de la victoire de Bafana Bafana contre la France, même si elle n'a pas suffit pour amener l'Afrique du Sud en 1/8. Et le match de samedi soir Ghana-USA, quel beau foot, quelle belle victoire. Et puis, ces deux derniers jours, le Sud encore et toujours... Anecdote, une demi heure avant la fin du match Argentine-Mexique, alors que les esprits commençaient à s'échauffer, des policiers style "robocops" sont arrivés et se sont placés entre le terrain et les tribunes, face aux supporters... qui se sont calmés illico... Eisch, personne n'avait vraiment envie de tester l'humour des policiers, surtout qu'ils avaient l'air vraiment sortis d'ailleurs. Autre anecdote... les Vuvuzelas. En fait, dans le stade, ce n'est pas vraiment dérangeant, sauf si le supporter assis derrière vous a un souffle d'enfer! Vous la connaissez peut-être déjà, sinon dégustez la: "Un Sud-Africain à un Français : Vuvuzanalé déjà ?"

L'organisation est impeccable, une sécurité à toute épreuve mais avec le sourire, une ambiance géniale, des moyens de transport efficaces et agréables... L'Afrique du Sud excelle incontestablement comme hôte du monde entier. "Ke nako" - le temps est arrivé de démontrer que l'Afrique est un partenaire sérieux dans le monde.

Vous êtes sans doute submergés de photos de la Coupe du Monde, mais mes photos, elles, sont authentiques. Ce sont les miennes quoi, alors jetez-y un coup d'oeil au match de Soccer City et à celui de Ellis Park.

Amitiés et bonnes vacances.

mercredi 2 juin 2010

Toute l'Afrique du Sud est en fièvre...

The freezing June Fever

Eh oui, à la veille du "kick off", l'Afrique du Sud est en fièvre. "You can feel the vibe everywhere!" Les drapeaux sud-africains flottent partout, souvent alignés aux  drapeaux des autres pays sélectionnés pour la Coupe du Monde de football. Une voiture sur dix au moins arbore les couleurs nationales, tantôt érigées à la fenêtre arrière des véhicules, ou alors le long de leur antenne radio ou derrière le pare-brise. Toutes les écoles, les cliniques, les bâtiments municipaux, les églises, ainsi que nombre de maisons privées indiquent ainsi que le "Mondial 2010" peut commencer. Les pronostics? A dire vrai, l'Afrique du Sud a peu de chances de dépasser la première phase de la compétition, et pourtant nombreux sont ceux qui veulent y croire, moi y compris! Après tout je suis missionnaire, je me dois d'être solidaire du rêve qui habite chaque sud-africain... noir, car pour les indiens et les blancs, leurs idoles ont toujours été et seront toujours la Grande-Bretagne, l'Espagne, le Brésil... Quant aux préparatifs, ils sont impressionnants: les stades sont prêts, la modernisation des routes est en gros terminée, le RER version Johannesbourg sera en service dans quelques jours, les nouveaux hôtels n'attendent que les visiteurs, la vie n'a jamais été aussi chère... bref, tout est prêt! A moins que les syndicats ne manquent tellement de patriotisme qu'ils continuent leurs grèves paralysantes jusque et pendant la fête. Ce ne serait pas très "africain", mais en Afrique du Sud, on peut s'attendre à tout.

Espoir pour les boys de Thembalabasha

Les congés scolaires ont été avancés pour l'occasion, ce qui veut dire que les jeunes de Thembalabasha sont en examens pour l'instant. Tout a l'air d'aller plus ou moins bien. Thabang est toujours aussi dissipé. Il a réussi à se faire éjecter du transport d'écolier que nous payons chaque mois très cher. Il doit donc aller à l'école en "taxi" (c'est-à-dire en transport en commun par mini-bus), ce qui coûte encore plus cher, mais qui l'arrange car il est plus libre de faire ce qu'il veut, y compris de marcher pour épargner le coût du voyage. Il nous reste six mois pour déclencher chez lui un début substantiel de maturité. Après cela, il sera seul pour dessiner son avenir! J'ai commencé à leur parler de mon départ à la fin de l'année et de la fermeture du centre d'accueil. Ils n'expriment pas trop encore ce qu'ils pensent. Et pourtant Lindo, un des caïds du groupe, qui se conduit plus ou moins bien, a éclaté en sanglots alors qu'il donnait un témoignage de sa vie lors d'un YES weekend, tellement que j'ai dû sortir avec lui. Le questionnant sur les raisons de son émotion, il m'a dit qu'il avait soudainement pensé à la fin de l'année... Grande gueule, petit cœur! Ils sont tous comme ça à Thembalabasha, en manque d'amour réel, en quête de direction.

Comme les feuilles à l'automne, les jours s'envolent

Le temps passe très vite, trop vite! Comment se débrouilleront-ils lorsqu'ils seront de retour dans leurs structures familiales si fragiles, eux qui les ont désertées il y a quelques années pour tenter leur chance dans la rue? Mais les choses ont changé, ils se savent aimés, appréciés, capables de plus... Et nous avons travaillé les familles qui, elles aussi, ont vécu une expérience de solidarité et d'encouragements. "Auntie" (= tante), l'éducatrice cum assistante sociale cum préceptrice cum cuisinière (depuis deux mois) continuera à les suivre de plus ou moins près ou loin. Ce sera dur pour elle aussi de me voir partir, même si je réapparaîtrai ça et là au besoin.

Un weekend prophétique - Acte I

Le fameux YES weekend où Lindo a fondu en larmes fut fabuleux! Une paroisse de Prétoria Nord (95% de blancs) a fait appel à YES (Youth Encounter Spirit), mouvement duquel je suis aumônier national, pour animer leur retraîte de confirmation. Le programme est excellent: rencontre avec soi-même (qu'est-ce qu'une personne, un homme, une femme, respect de soi), rencontre avec les personnes proches (amis, frères et sœurs, mère et père), rencontre avec Dieu, le programme cherche à réconcilier chaque jeune dans ses relations souvent ombragées par la dure réalité de la vie, et ce à travers des témoignages et des partages de vie dans de petites équipes que nous appelons "familles". En plus des animateurs adultes, l'équipe est aussi composées de jeunes animateurs "incognitos" que nous plaçons au sein des "familles". Ironiquement pour ces blancs (une cinquantaine de jeunes de 15 à 18 ans) qui se croient tellement supérieurs, tous les animateurs étaient indiens, métisses ou noirs. J'étais la seule exception... pour confirmer la règle.

Un weekend prophétique - Acte II

La fête de la Pentecôte à Lenasia fut aussi un des moments forts de l'année. Les quatre communautés de notre paroisse étaient convoquées au Centre Civique de Lenasia, car aucune de nos églises n'aurait pu contenir le grand nombre de paroissiens. Les trois communautés plutôt "noires" étaient assez bien au complet. Quant aux Indiens, un tiers, peut-être un quart de la communauté a répondu à l'appel. Les autres... ont fait l'impasse ou sont aller prier ailleurs plutôt que de devoir se fondre dans une énorme communauté noire. Il faut dire aussi que la célébration allait durer de 9h du matin jusque vers 4h de l'après-midi. Mais quelle fête! Vingt-deux baptêmes d'enfants, une dizaine de baptêmes d'ados, et une dizaine de confimation de jeunes adultes. Nous avons commencé par une bonne heure et demi de confessions souvent très émouvantes (certains ne s'étaient plus confessés depuis très très longtemps), pendant que, dans la salle principale, la foule louait Dieu par des chants variés, en anglais, en afrikaans, en zoulou et en southou. A la fin de la messe (vers 2h30), cohue générale car les estomacs s'étaient bien creusés pendant la matinée. Les quatre agneaux, à la broche depuis 6h du matin, ont été avalés en un temps record et les énormes casseroles de nourriture préparée par les différentes communautés ont été partagées dans la joie et la fraternité. Les uns et les autres ont alors présenté quelques scènettes avant que le gâteau d'anniversaire de l'Eglise ne soit apporté et les bougies soufflées. Il était 4h30 de l'après-midi, temps pour tout le monde de rentrer à la maison.

Des joies et des défis

Les élus au Chapître Général des Missionnaires d'Afrique (Pères Blancs) se tient pour l'instant à Rome. Il a lieu tous les six ans. Le nouveau supérieur général vient d'y être élu. Il s'agit, pour la première fois, d'un africain, Richard Baawobr, un ghanéen qui a été mon voisin de chambre à Totteridge (Londres) pendant deux ans lorsque j'étudiais la théologie. Je me réjouis de ce choix, car je connais l'homme qui est tout plein d'intelligence et de fraternité. Il y a deux semaines, le Père Guido, qui partageait, à Diepsloet, la vie de Louis Blondel assassiné en décembre dernier, a eu un AVC pendant la messe dominicale. Il se remet doucement mais reste paralysé jusqu'à présent du côté droit. Il recommence à parler, dans toutes les langues qu'il connait, mais semble encore avoir des difficultés à mettre les mots ensemble pour vraiment exprimer ses idées. Le Père Mathieu, avec qui je partage la charge de Lenasia, est parti en congé vendredi passé. Il reviendra le 2 août. En attendant, je suis seul pour assûmer la responsabilité des quatre paroisses.

En union de prières avec vous

Je suis, avec intérêt, les péripécies politiques de la Belgique. Bientôt vous vous rendrez aux urnes pour décider de l'avenir politico-linguistico-economico-social de notre petit pays. Je suis en communion avec vous pendant ce moment difficile. Entretemps, vous suivrez sans doute par les médias, que vous le vouliez ou non, les progrès du "Mondial" ici en Afrique du Sud. Ainsi, nous resterons unis pendant tout le mois de juin comme si nous vivions juste côte à côte, à quelques dix mille kilomètres de distance. Le monde est vraiment devenu un village.

Amitiés,

Philippe