samedi 31 décembre 2011

Heureuse année de vrai bonheur

L'hymne des anges se fait silence,
L'étoile dans le ciel disparait,
Les rois et les princes se sont blottis
dans leurs demeures,
Et les bergers comptent leurs moutons...

Alors...

Le vrai travail de Noël commence:
Aller vers ceux qui se sont égarés,
Réconforter ceux qui n'ont plus d'illusions,
Partager avec ceux qui craignent les fins de mois,
Redonner aux prisonniers un espoir de liberté,
Participer à la reconstruction des nations,
Devenir agents de la paix pour tout et un chacun,
Laisser la musique du coeur ... mener la Dance.

(une adaptation de Howard Thurman)

Je vous souhaite à tous une très heureuse année de vrai bonheur.

Un Noël pas comme les autres

Voici un compte-rendu inédit de Jeannine et Charles sur une visite à Joseph la veille de Noël 2008.


Voici une histoire vraie que nous n’oublierons pas. Nous vous l’envoyons avec nos vœux de bonne année 2009.

Dans le cadre de ses activités multiples, Philippe a créé deux centres qui accueillent des enfants en manque de famille responsable et de scolarité, qui sont suivis par des éducateurs locaux qu’il a formés. L’un des centres héberge des adolescents très fragilisés et sans attache familiale stable.

Joseph, 17 ans, fait partie de ce dernier groupe. Il avait 12 ans lorsque Philippe l’a intégré. Il est arrivé avec ses parents du Mozambique. Son père est mort peu après son arrivée dans le centre. Sa mère, malade, est hospitalisée au Mozambique. Joseph vit en Afrique du Sud avec sa sœur aînée, Ossana, 20 ans, qui habite dans une minuscule baraque de trois pièces faite de tôles et de murs instables, comme il y en a tant dans les nombreux squatter camps (sorte de bidonvilles) qui peuplent la campagne.

Depuis une semaine, il est retourné, lui comme les autres jeunes du centre, pour la période des vacances d’été, dans ce qui lui reste de famille en Afrique du Sud.

Philippe avait à son programme de rendre visite, la veille de Noël, aux familles de cinq garçons pour évaluer leur comportement. Nous l’avons accompagné, avec une éducatrice qui parle le sotho et le zoulou et qui peut traduire ce que disent les parents ou les proches.

Nous ne décrirons pas les premières rencontres avec les familles, au gré des chemins traversés dans le plus profond des squatter camps.

En arrivant chez Joseph, dernière visite de la matinée, nous le trouvons en dehors de la maison, tenant dans ses bras un bébé de trois mois. C’est Silihle, la petite fille de sa sœur, de père inconnu. Il est midi environ. Ils n’ont strictement rien et ne savent pas ce qu’ils vont manger en cette veille de Noël, alors qu’à un jet de pierre, dans ce pays fait de contrastes, et ailleurs dans le monde, on prépare le réveillon.

De quoi vit-elle ? Joseph explique qu’elle n’a aucune ressource ni travail. Pour tenter de survivre, elle loue à un homme seul l’une des trois pièces de son habitat, mais il ne paie pas son loyer…. Sans doute font-ils, Joseph et elle, la manche dans l’un ou l’autre quartier moins misérable ou aux carrefours sur les routes avoisinantes.

La jeune maman est sans voix, mais fière de nous montrer sa mignonne petite fille. Elle ne dit rien, ne demande rien, nous regarde simplement, avec ses grands yeux noirs. Philippe suggère à Joseph de nous accompagner un moment. Nous avons eu la même pensée.

Dans le plus proche supermarché situé en dehors du squatter camp, nous remplissons le caddie de l'essentiel, plus un peu de superflu, surtout sans oublier le lait en poudre pour le bébé, car la mère n'a pas assez de lait pour la nourrir.

Nous retournons rapidement chez la sœur de Joseph. Elle venait de mettre l’enfant au lit. Les achats sont déposés, l’un après l’autre, sur la petite table de la pièce du milieu qui sert de séjour et de cuisine. Joseph reste muet. Ossana sourit une première fois en voyant la table qui déborde. Son sourire s’illumine lorsqu’elle aperçoit la boîte de lait pour son enfant. Non ce n’est pas un rêve : ils pourront réveillonner à trois ce soir.

Philippe ne cherche pas ailleurs l'introduction de son homélie à la messe de minuit qu’il célèbre. L’assemblée silencieuse est émue.

Et pour nous, ce Noël 2008 restera gravé dans nos mémoires.

Jeannine et Charles

vendredi 18 novembre 2011

Quelques nouvelles

Bien chers amis,

« This letter is long overdue », comme disent les anglais. Je vous la dois depuis trop longtemps. Non pas que je vous oublie, mais la longueur du temps qui passe, comme vous en faites sans doute l'expérience, est relative au degré d'occupation. Au plus je cours de gauche et de droite, au moins je me rends compte du temps qui passe. Est-ce que cela aurait à voir avec la théorie de la relativité ? ... Quoi qu'il en soit, cela va bientôt faire un an que je suis à Merrivale, investi de nouvelles responsabilités et beaucoup d'eau est passée sous le pont depuis le 1er janvier.

Mens Sana in Corpore Sano

Une fois n'est pas coutume, je commence par vous donner quelques nouvelles personnelles. En février, je voyais un chirurgien qui me disait que deux opérations de la hanche gauche, puis de la hanche droite, étaient à envisager d'urgence... à moins qu'une perte de poids sensible ne retarde l'échéance. J'ai pris mon courage à deux mains et j'ai perdu, jusqu'à présent, la moitié de ce que je
devrais perdre pour arriver à un poids idéal. L'autre moitié est au programme, mais ce n'est pas toujours facile de suivre une bonne hygiène de vie lorsque les préoccupations quotidiennes prennent le dessus. Toujours est-il qu'une opération n'est plus au programme pour l'instant. Le chirurgien avait donc bien raison, même si les antécédents familiaux et les radios de mes hanches ne laissent aucun
doute quant à une intervention chirurgicale future. Mais je ne suis pas pressé du tout.

Formation

Mes nouvelles fonctions sont multiples. Je réside dans un centre de formation des Missionnaires d'Afrique, la dernière étape de la formation (quatre dernières années de dix). Ce centre s'est installé en Afrique du Sud il y a trois ans et compte pour l'instant 10 étudiants en provenance de six pays – Congo, Inde, Zambie, Ouganda, Ethiopie, Mali. En janvier nous arriveront trois nouveaux étudiants du
Mexique, de Tanzanie et de Pologne. Je fais donc partie de l'équipe de formation, tâche que je découvre avec intérêt, mais qui est beaucoup plus contraignante que je ne l'imaginais. Les étudiants sont tous des adultes ; ils ont entre 25 et 35 ans. Et pourtant, dans le contexte de la formation, la dynamique du groupe n'est pas toujours des plus apaisante. Chacun des formateurs vit en équipe avec trois ou quatre étudiants. Nous sommes bien sûr égaux, mais pas complètement puisque les formateurs doivent évaluer régulièrement les progrès des étudiants, au niveau de leurs études mais aussi aussi de leur qualités humaines et communautaires. Sur les six qui ont demandé à prononcer leur serment missionnaire et à être ordonnés diacres cette année, trois seulement ont été appelés. Nous envoyons rapport et recommandation pour chacun des candidats, mais c'est le conseil de leur province d'origine qui décide de les appeler, de les retarder ou de les révoquer en fonction des informations dont il dispose. Les trois élus feront leur serment le 2 décembre et seront ordonnés diacres le lendemain dans une de nos églises. Dans un an, ils termineront leurs études et seront alors ordonnés prêtres, si tout va bien, dans leur pays d'origine. Les trois autres feront l'objet d'une nouvelle évaluation aux alentours de Pâques 2012.

Le temporel

Les deux confrères avec qui je partage la tâche, souvent ingrate, de formateur, sont Raphaël, originaire du Congo, qui est le recteur du Centre de Formation, et Quinbert, de Tanzanie, qui enseigne la Bible à l'Institut de Théologie de Cédara où étudient nos candidats. Ma tâche spécifique dans l'équipe de formation est l'économat. Cette année particulièrement, la tâche est importante à cause
de la construction d'un énorme centre de formation à quelques kilomètres d'où nous résidons pour l'instant. En effet, nous louons – fort cher – des bâtiments qui appartiennent à une autre congrégation. L'administration centrale des Missionnaires d'Afrique à Rome nous a confié la tâche de construire un centre qui pourra accueillir dans le futur jusqu'à une quarantaine de candidats. La
construction du nouveau centre se terminera aux alentours de juin l'an prochain. Je suis, pour l'instant, occupé à établir les budgets ordinaire (la vie quotidienne, les études, la logistique) et extraordinaire (ce qui reste à construire plus tout l'équipement) pour l'année prochaine. L'échéance est pour la fin du mois de novembre ! Encore une fois, le travail qui me semblait être relativement
facile s'est avéré être complexe en relations humaines et contraignant au niveau du temps. Par exemple, au début octobre, les étudiants ont eu un accident de voiture en se rendant à l'Institut de Théologie. Aucun n'a été sérieusement blessé, mais la voiture, elle, ne s'en est pas sortie. Le remboursement de l'assurance n'étant pas suffisant pour l'achat d'un autre véhicule de capacité équivalente, il a fallu faire preuve de créativité pour mettre à la disposition des étudiants un moyen de transport adéquat. Peu de temps après, la deuxième voiture des  étudiants, une Renault Scénic de 2001 (275.000 kms) a rendu l'âme après avoir roulé sans eau... Il a fallu lui trouver une « âme » d'occasion, c'est-à-dire un moteur. Après en avoir essayé trois, la Renault a repris la route. Aujourd'hui
même, je dois me rendre à un centre de contrôle pour recevoir la nouvelle « carte grise » reprenant le numéro du « nouveau » moteur... Voilà qui est fait. Je viens d'y passer 6 heures !

La Paroisse

Je reprends ma lettre après trois jours passés à diverses activités liées à la préparation de l'ordination et à notre futur centre de formation. Je viens de terminer le premier jet de la préparation liturgique de l'ordination qui aura lieu dans un de nos centres pastoraux, le seul qui ait une église décente, Lidgetton.
Mes services rendus au centre de formation des Missionnaires d'Afrique ne me permettent pas de passer autant de temps que je voudrais à rencontrer les paroissiens. Pourtant, il y a beaucoup à faire.

A Pâques de l'année prochaine, les Missionnaires d'Afrique d'Orange Farm (à Johannesbourg) se retireront après plus de quinze ans de bons et loyaux services. Deux confrères viendront probablement renforcer notre équipe, non pas pour la formation, mais pour la paroisse. Nous voudrions élargir notre champ pastoral à la paroisse de Mpophomeni, dont je vous parlais l'année passée. Mais il faudra que je trouve de bons arguments pour être un plus libre pour m'en occuper.
Après pas mal de résistance, quelques uns de nos étudiants se sont finalement impliqués dans la pastorale de notre paroisse. Tout est à faire ! Vie chrétienne, inculturation, catéchèse, finances, communautés de base, formation des jeunes, pastorale des malades, formation des agents pastoraux... La demande des gens est grande et enthousiaste, même si leurs motivations ne sont pas toujours celles que nous espérons.

Y.E.S.

Je suis toujours aumônier national de Yes Encounter Spirit, un mouvement qui promeut une meilleure gestion des relations aux autres, à soi-même et à Dieu. Beaucoup de participants à nos week-ends y ont commencé un travail important de guérison sur eux-mêmes après avoir vécu des situations très perturbantes dans leurs relations avec leurs parents, familles et connaissances. La semaine prochaine, je vais à Orange Farm comme aumônier d'un weekend pour les jeunes de la confirmation. J'y emmènerai quatre jeunes de la paroisse de Lidgetton afin qu'ils expérimentent le programme et que nous puissions le commencer dans notre paroisse fin de l'année prochaine.

T.Y.C. et nouvelles de Child in the Sun

Les jeunes de Thembalabasha continuent à bien progresser. Trois d'entre eux résident en permanence chez « Auntie », notre éducatrice, deux autres viennent tous les après-midis chez elle pour étudier, et le dernier travaille dans un  restaurant indien de Lenasia où il est bien coté. Je suis en contact téléphonique tout le temps avec eux et je les visite chaque fois que je vais à Johannesbourg
(quand même 500kms). Je suis maintenant en contact fréquent avec au moins six anciens de Child in the Sun, un précédent projet dont je me suis occupé de 1992 à 1996 en Tanzanie. Ex-gamins de la rue, ils sont maintenant tous mariés, ont des enfants, et se portent bien. Ils veulent absolument que je passe par la Tanzanie
pour les revoir.

En conclusion

Je me propose d'arrêter ici pour l'instant, sinon cette lettre ne partira jamais. J'aurais bien d'autres choses à vous partager, mais j'en laisse pour la prochaine fois :o). Je vous remercie pour votre soutien. Je vous souhaite une bonne fin d'année et une excellente montée vers la fête de Noël.

Amitiés,

Philippe

jeudi 17 mars 2011

Ma nouvelle mission

Cela fait maintenant presque trois mois que je vis dans ma nouvelle communauté, et certains d'entre vous se demandent ce que j'y fais. Je vais essayer de vous décrire cela le plus brièvement possible.

Une demande de mes supérieurs

En février de l'année passée, le Conseil Général des Missionnaires d'Afrique (Pères Blancs) m'a demandé d'accepter de compléter l'équipe d'animation de notre centre de théologie de Merrivale à une vingtaine de kilomètres de Pietermaritzburg, dans le KwaZulu Natal. L'équivalent de Totteridge à Londres où j'ai naguère étudié la Théologie. Ce centre est maintenant fermé. Les étudiants de théologie ont déjà fait trois ans de philosophie, une année de spiritualité, deux ans de stage et complètent maintenant leur formation théologique sur quatre ans. Dix ans au total ! Ils étudient à l'Institut de théologie de Cédara, à cinq kilomètres de notre résidence actuelle. Les étudiants ont tous entre 25 et 35 ans. Les centres de formation théologique des Missionnaires d'Afrique se trouvent à Abidjan - Côte d'Ivoire (hélas évacué pour le moment pour raison de guerre civile), à Nairobi - Kénya, à Jérusalem – Israel et à Kinshasa - Congo. Le dernier-né de ces centres est le nôtre en Afrique du Sud. Sur les dix étudiants actuels, huit sont africains (mais aucun sud-africain) et deux sont indiens. Les six premiers seront ordonnés prêtres – si tout va bien – fin 2012. D'ici deux ans, nous prévoyons une augmentation significative du nombre d'étudiants à Merrivale, probablement environ vingt-cinq.

Formation et travail pastoral

Pour le moment, nous louons les facilités d'un autre ordre missionnaire, en attendant de rentrer dans le centre que nous commencerons à construire cette année, dès que nous aurons obtenu le permis de l'urbanisme. Je suis l'économe de la maison, ce qui requiert un œil attentif aux dépenses et à l'entretien des bâtiments. La minutie requise pour ce genre de travail n'est pas ma qualité première, mais j'ai essayé de m'organiser afin d'être aussi efficace que possible. Je vis avec une équipe d'étudiants, ce qui veut dire que je dois participer à un certain nombre d'activités d'équipe - nettoyage, réunions, récollections, etc.
En outre, les Missionnaires d'Afrique m'ont demandé d'ouvrir une paroisse pour « asseoir » quelque peu notre présence dans l'Archidiocèse de Durban, ainsi que pour disposer d'un lieu de travail pastoral pour nos étudiants, qui sont supposés y consacrer l'équivalent d'un après-midi par semaine. L'évêque du lieu nous a confié trois anciennes succursales, relativement négligées jusqu'à présent, mais qui méritent une attention particulière en vue d'un éventuel développement paroissial.

Lidgetton... retour à la campagne!

La communauté de Lidgetton, à une vingtaine de kilomètres de chez nous, dispose d'une église convenable. La première fois que j'y suis allé, il y avait environ 40 femmes d'un âge certain, deux hommes et une poignée d'enfants. Un mercredi des cendres et deux semaines plus tard, l'église est presque pleine avec une bonne dizaine d'hommes en plus, une bonne vingtaine de jeunes de 20 à 30 ans, et un nombre pratiquement incalculable d'enfants. C'est une communauté qui en veut ! Mon gros problème, c'est le zoulou... rien que le zoulou ! La préparation de l'homélie du dimanche me prend toute une journée (composition, correction avec un - en fait une - zoulou et la répétition de la diction !) Mais c'est très drôle !

KwaChief, mais où donc est Dieu?

La communauté de KwaChief est beaucoup plus problématique. Composée de noirs, de « coloured » (métisses) et d'Indiens, il n'y a pas vraiment d'unité. Et comme la communauté a été délaissée pendant plusieurs années, les gens qui ont quelques moyens pour se payer le « taxi » (transport en commun par minibus) ont pris l'habitude d'aller à la paroisse de Howick, à environ 5 kilomètres. En plus, il n'y a pas d'église. Nous célébrons la messe dans une salle de classe d'une école à la limite du salubre, salle qui est déjà beaucoup trop petite. Et pourtant, les besoins sont énormes. Besoins spirituels d'abord, car ceux qui n'ont pas de travail (la majorité et de nombreux jeunes et jeunes adultes) perdent l'espoir et se rabattent sur la consommation déraisonnable d'alcool (que l'on peut trouver à bas prix si l'on ne regarde pas trop la qualité) et dans les drogues. Après l 'école, les jeunes errent dans les rues jusqu'à la tombée de la nuit. Apparemment, le nombre de cas de sida est très élevé. Les gens ont besoin de retrouver confiance en eux-mêmes, ils ont besoin d'une vision concrète de salut. Si seulement, je pouvais trouver un terrain où construire une paroisse, avec un centre de formation professionnelle, une école des devoirs, un centre pour les gens touchés par le sida et pour la formation des volontaires qui s'en occupent... Un rêve qui devra devenir réalité... sous peine de condamner les gens à vivre comme des loques humaines ! Le gouvernement fait beaucoup socialement, mais il ne peut pas être partout à la fois. Et puis, l'Évangile n'aurait que peu de crédibilité s'il ne proclamait que la vision d'un monde futur. Le Christ en qui je crois me demande, m'implore, me pousse, m'oblige à agir ici et maintenant !

Shyaz... en route vers des pâturages plus verts!

La troisième communauté est composée d'immigrants venant du Lesotho. C'est une communauté de jeunes adultes à la recherche d'une meilleure vie. Mais, en attendant de la trouver, ils vivent dans un bidonville indescriptible à l'arrière de la « Chute d'eau » de Howick, qui, ironiquement, attire beaucoup de touristes. La communauté est très catholique, très dynamique, mais l'anglais est inexistant et le zoulu très approximatif. En plus, étant une communauté de migrants, ceux qui ont la chance de trouver du travail disparaissent presque immédiatement vers de meilleurs quartiers. Comme il s'agit d'une communauté plutôt jeune, il y a très peu d'enfants, sauf de très jeunes enfants. Erus, un des deux indiens, a fait son stage de deux ans à Orange Farm où il a appris le Sotho. Il aide beaucoup à l'animation pastorale de cette communauté. Je crois comprendre que le gouvernement est en train de construire un nouveau « township » en vue de déplacer ces gens, mais il reste encore à voir s'ils seront d'accord de bouger, car, alors, il devront se payer le taxi pour aller en ville, alors que maintenant ils sont à 20 minutes à pieds du centre ville.

Expérience d'une bonne communauté

Ce travail pastoral dont j'ai la responsabilité est essentiellement un travail de première évangélisation. Il me prendra beaucoup plus de temps et d'énergie que ce que je n'avais imaginé. Au moins, ma communauté de Merrivale me donne un certain support moral. Surtout mes deux confrères de l'équipe d'animation. Raphaël, le recteur de la maison de formation, vient du Congo et est très intéressé à me soutenir dans le travail paroissial. Quinbert, de Tanzanie, enseigne la Bible à l'Institut de théologie; son temps est limité par ses préparations de cours. Mais il est aussi très enthousiaste à aider, surtout les dimanches. Ce sont deux confrères délicieux avec qui je partage ma vie.

Et Thembalabasha?

Vous vous demandez sans doute ce qu'est devenu Thembalabasha. Avec le meurtre de Père Louis en décembre 2009, le projet Cordis s'est très vite trouvé en grosses difficultés. Or Thembalabasha se trouvait sur leur terrain. L'année passée, les services communs (surtout l'eau et l'électricité) ont beaucoup augmenté et Cordis a connu d'énormes difficultés pour payer leur part. Cela devenait de plus en plus difficile pour Thembalabasha de supporter la totalité des frais. En plus, nous avons été attaqués trois fois sur l 'année par des bandits qui ont successivement tout volé. La police a chaque fois été appelée mais sans aucun résultat in fine. Une des attaques a particulièrement été violente envers nos jeunes. Tout cela et la demande de Rome m'ont convaincu à mettre un terme à Thembalabasha sous la formule ancienne. Nous continuons à payer les frais scolaires et les frais de transport des jeunes du centre qui étaient encore en âge d'école. Le plan est qu'ils aillent chez notre éducatrice « Auntie » après l'école pour faire leurs devoirs et qu'ils retournent chez eux en fin d'après-midi. Un container a été transféré et aménagé à cette effet à l'arrière de la maison d'Auntie. Toutefois, trois des jeunes logent maintenant chez Auntie car ils ne trouvent aucun support chez eux. Le centre de jour a été intégré à un autre projet de la paroisse d'Orange Farm qui s'occupe essentiellement des jeunes particulièrement vulnérables. En fait, le même projet que Thembalabasha, en plus structuré... théoriquement.

Et maintenant quelques potins...

Du côté des potins, j'ai dû aller voir un chirugien récemment car ma hanche gauche et mes deux genoux me faisaient horriblement souffrir. Il m'a examiné, radiographies en main, et m'a conseillé l'opération de la hanche gauche (puis probablement la hanche droite). Il m'a aussi conseillé de perdre du poids en vue d'une opération. Mais il a ajouté que tant que je pouvais tenir le coup, l'opération pouvait être retardée. J'ai pris mon courage à deux mains ;o) et, avec le support de Raphaël, je me suis mis à un régime relativement strict, mais pas impossible. En un mois et demi, j'ai perdu 13 kilos et j'ai récupéré plus ou moins la mobilité d'il y a deux ans! Je vais essayer de continuer aussi longtemps que possible.

Mon environnement a changé du tout au tout. Autant Johannesbourg était un haut plateau relativement aride et embêtant, autant le KwaZulu Natal est une province très agréable, pour la météo et le paysage. En plus, là où je vis, il y a beaucoup moins de crime qu'à Johannesbourg. J'y gagne sur tous les plans!

Voilà, si vous avez eu le courage de me lire jusqu'à la fin, je vous en remercie. Je vous souhaite un temps de carême très fécond. Que vous puissiez découvrir un peu plus le sens de votre vie sur cette planète. Je vous envoie beaucoup d'amitié.