dimanche 29 octobre 2006

L'anniversaire de Percy

Samedi!! Sans doute ma plus lourde journée de la semaine. Tôt le matin, je me dirige vers Lenasia où je passerai toute la journée à la paroisse. La matinée passe à rédiger la lettre de nouvelles de la paroisse, ainsi qu'à y mettre à jour le site internet. Cela ne me prendrait que deux heures, si je n'étais pas interrompu toutes les cinq minutes. En effet, la secrétaire est présente et résoud la plupart des problèmes administratifs. Elle a néanmoins besoin de me consulter. Une centaine de jeunes, à majorité d'origine indienne, suivent aussi la catéchèse le samedi matin, donnée par une bonne douzaine de catéchistes qui aterrissent dans mon bureau pour me saluer ou pour me présenter leurs problèmes. Quelques paroissiens profitent aussi de ma présence pour venir me visiter. Ce samedi, Maureen est avec moi, ainsi que Erus, un stagiaire Missionnaire d'Afrique indien (un vrai cette fois, né et éduqué en Inde), qui profite de la connection à l'internet pour répondre à ses nombreux emails. Comme je suis le coordinateur des stagiaires en Afrique du Sud (seulement deux en fait), il me fait part de son expérience à Phuthaditjhaba, dans le Free State, où il apprend le Sotho (une des 11 langues d'Afrique du Sud parlée largement à Orange Farm).

Mr Birthday, PercyA 12h30, la lettre de nouvelles est bouclée et je me mets à cuisiner pour mes invités (en fait mon invité, car Maureen est plutôt indépendante pour ce qui est de la nourriture). Après le repas, nous allons à trois au supermarché du coin pour acheter des saucisses, des gateaux et des limonades, car ce soir nous célébrerons au centre d'accueil d'Orange Farm l'anniversaire de Percy qui est arrivé juste à temps au centre pour célébrer ses 14 ans. Il me reste alors à préparer mon homélie avant la messe de 5 heures. Après la messe, nous passons chez Brian, un de mes grands amis indiens et fidèle "serviteur" de la paroisse (il me faudra bien tout une page de blog pour vous présenter sa famille un de ces jours), car ma voiture a pris l'eau pendant l'orage de vendredi, ce qui a provoqué un court-circuit avec comme résultat une panne de mes lumières arrière. Son fils Mark, un "Système D" remarquable, trouve le fusible fautif et nous attaquons les 20 kilomètres qui nous séparent d'Orange Farm. Nous y arrivons vers 20h. Les 12 jeunes, presque morts de faim, nous y accueillent avec joie. Apéritif - avec une leçon de choses sur la manière de grignotter les chips plutôt que de les dévorer - pâte de maïs, saucisses et pattes de poulet bouillies (oui, oui les pattes, pas les cuisses) et gateaux en l'honneur des 14 ans de Percy. C'est un adorable gamin, il a dit merci au moins 4 ou 5 fois!

Nous les quittons vers 10 h du soir, je raccompagne Erus à la paroisse située en plein coeur d'Orange Farm, à 6 kms de là où je loge, et au retour une très désagréable odeur de plastic brûlé me fait craindre le pire. Arrivé heureusement à ma résidence, impossible de couper le contact de ma voiture. Je débranche donc la batterie, ce qui est radical, et je vais me coucher. Demain, grande fête à la paroisse de Lenasia: un "Family Fun Day". Je vous raconterai!

mardi 24 octobre 2006

Trois "nouveaux"

Etant donné la réunion trimestrielle des Missionnaires d'Afrique à partir de lundi soir, nous avons accueilli les gamins de la rue ce lundi matin, au lieu de mardi. Le premier est arrivé à 7h45!! A 9h30, ils étaient une quinzaine. Malgré une vidéo très drôle, la plupart se sont endormis très vite après la douche et le petit déjeûner. Il faut dire que les feux d'artifice tirés depuis de nombreux jardins à l'occasion de la fête hindoue/tamil "Diwali" jusque très tard dans la nuit ne favorisent pas le repos de ceux qui dorment dans la rue (ni d'ailleurs de ceux qui dorment chez eux... votre serviteur en fait l'expérience). En fin de matinée, trois d'entre eux ont confirmé leur intention de rejoindre le centre d'accueil. Ils sont donc restés à la paroisse après le départ des autres et nous (Auntie et moi) avons longuement présenté le centre et toutes ses exigences. Mais rien ne leur fait peur, ils sont décidés! Sur la photo, en haut à gauche, Percy, à droite Mzwakhe (vous devrez attendre qu'il se réveille pour voir son visage) et en desous, endormi lui aussi, Lindo. Nous les avons donc conduits au centre vers 14h30, où les autres membres de la petite communauté les ont accueillis très chaleureusement. S'ils restent, ils vont doucement se remettre à étudier avec leur éducateur, Ronald, pour qu'ils soient prêts à rentrer à l'école dès janvier 2007. Dès que je les connaîtrai mieux, je vous les présenterai plus en longueur. Auntie était supposée commencer à visiter leurs familles aujourd'hui mardi. Pas question de perdre du temps!

La réunion des Missionnaires d'Afrique se passe à Haartbeespoort, un endroit sublîme, malheureusement très bourgeois étant donné son environnement: un lac superbe encaissé entre de splendides montagnes. Le centre de retraîte "appartient" à un ancien évêque d'origine belge! Ce mardi soir, je suis de retour à Lenasia avant la fin de la réunion, car ce matin j'ai reçu un coup de téléphone de la compagnie qui installera demain l'internet par satellite à notre maison de Cordis, ma résidence officielle. Je dois donc y être dès 9h00. Si ça marche, la communication s'améliorera encore un peu plus.

Pour plus de photos sur le "dortoir" de lundi matin, n'hésitez pas à visiter mes albums photos. N'hésitez pas non plus à me laisser un commentaire en suivant le lien en bas à droite "comments". C'est rapide et facile, et ça fait plaisir. Bonne journée.

dimanche 22 octobre 2006

Un week-end typique

Bonjour.

Dimanche soir 20 heures. Maureen vient de partir avec mon confrère Ray Fortin, de notre maison d'accueil qui se trouve près de l'aéroport. Elle y restera toute la semaine car nous avons la réunion trimestrielle des Missionnaires d'Afrique (Pères Blancs) à partir de demain soir jusque jeudi matin. Ray "se sacrifiera" pour tenir compagnie à Maureen.

Vendredi soir, nous avons visionné la vidéo de "Cry Freedom" (Le cri de la liberté). Ce film sorti en 1996, si je ne me trompe pas, est à l'origine de mon désir d'un jour travailler en Afrique du Sud. C'est l'histoire de l'éditeur d'un journal anglophone libéral d'East London (Sud-est de l'Afrique du Sud). Cet éditeur blanc est amené à rencontrer Steve Biko, le propagandiste du "Black Consciousness Movement" (le mouvement de la conscience noire), supposé redonner à ses frères de race la dignité bafouée par l'Apartheid. Il devient son ami et, après la mort de Biko en prison, se compromet pour faire connaître au monde entier l'injustice flagrante de l'Apartheid. Il decidera finalement de fuir le pays avec sa famille afin de pouvoir éditer son livre, le "Cri de la Liberté". Une histoire poignante de vérité et révoltante. Lorsque j'étais à Londres, j'ai été voir le film 6 fois avant de passer une nuit devant l'ambassade de l'Afrique du Sud (High Commission) en protestation.

Nous avons dû mettre les sous-titres pour pouvoir suivre la vidéo, tellement il y avait du bruit. En effet, il y avait un orage terrible et, en plus, les Hindis célébraient leur fête de Diwali. Celle-ci commémore la victoire de la lumière sur les ténèbres. Pendant environ 10 jours, les gens tirent des feux d'artifice absolument impressionants de leurs jardins. Magnifique! Alors que je vous écris, cela continue. On se croirait en pleine guerre!

Après la vidéo, vers 10 heures du soir, nous sommes partis à une soirée dansante organisée par le mouvement YES (Young Encounter Spirit) pour récolter des sous. Il y avait assez peu de monde, mais ceux qui y étaient s'amusaient énormément. Nous sommes rentrés vers 1 heure du matin. YES est un mouvement chrétien, similaire dans sa pédagogie à "Marriage Encounter" ou plutôt à "Choice" pour ceux qui connaissent. J'ai participé à un weekend YES il y a environ trois mois, et j'ai fait partie de l'équipe d'animation d'un autre weekend à la paroisse de Lenasia organisé pour les jeunes de 12 à 17 ans. C'est un programme très intéressant.

Samedi matin, comme toutes les semaines, rédaction de la lettre de nouvelles et de la page internet de la paroisse (si cela vous intéresse: http://www.stthomaslenz.org), entrecoupée de plusieurs visites de paroissiens et d'interventions des catéchistes et des jeunes qui suivent le catéchisme. En effet, chaque samedi matin, une centaine de jeunes de 6 à 15 ans suivent le catéchisme, chacun dans la classe correspondant à son année. Ceux de plus de 15 ans et qui se préparent à la confirmation ont un horaire convenu par leur groupe. La secrétaire est présente le samedi matin et gère tout ce qui est plus matériel.

La lettre de nouvelles enfin terminée vers 12h30, je peux m'attaquer à mon homélie, sans traîner car à 16h00, j'ai rendez-vous avec un paroissien dans la trentaine qui a demandé à me voir pour se confesser. Il ne l'a plus fait depuis trois ans et a besoin de parler. Cela durera 1/2 heure. A 16h30, confessions dans l'église, mais pas de candidat aujourd'hui à cause d'une pluie battante qui s'est déclarée vers 16h00. L'église est quand même à moitié pleine pour commencer la messe à 17h00. L'évangile raconte l'histoire de Jacques et Jean qui demandent à Jésus de leur réserver les deux meilleures places lorsqu'Il entrera dans sa Gloire! Une bonne page d'évangile qui me permet de faire le point sur la Mission de Jésus d'instaurer le Royaume, mission que nous partageons par notre baptême.

Je retrouve Maureen vers 19h00 et nous regardons une autre vidéo, "Sarafina", un film basé sur un musichall retraçant l'histoire d'une jeune étudiante d'une école de Soweto en 1976, l'année où tant d'écoliers ont été tués par la police au cours d'une manifestation contre l'obligation d'étudier en afrikaans. Très émouvant aussi. Après la vidéo, nous avons admiré, une fois de plus, les tirs de feux d'artifice tout autour de nous, et nous nous sommes couchés vers minuit.

Dimanche matin, 8 heures, messe à Tembalihle, en zoulou, soutou et anglais. L'église se trouve à côté d'un squatter camp (habitat informel) et accueille essentiellement des chrétiens noirs. Il y avait quand même une indienne ce matin. Style très différent de la paroisse de St. Thomas à Lenasia qui est essentiellement (mais pas seulement) indienne. Les chants et les processions diverses sont interminables. J'ai du recourcir la fin de la messe pour pouvoir rejoindre la paroisse de St. Thomas pour la messe de 10 heures. Eglise pleine, car les paroissiens qui ont eu peur de la pluie de la veille s'y retrouvent. Après la messe, réunion avec les parents des enfants qui communieront pour la première fois dans quelques semaines. Après cette réunion, je me prépare rapidement pour donner une petite récollection aux leaders de la branche YES (toute la province + Cape Town, Bloemfontein, etc) qui sont en réunion de planning annuel chez nous. A 15h30, je les rejoins. Le président est un sud-africain de 35 ans d'origine portugaise qui est aussi le président du parti politique DA, rival à l'ANC (parti du président) pour la province de Gauteng. Epoustouflant! Le groupe me demande d'être leur directeur spirituel, ce que j'accepte volontiers car je crois que ce mouvement peut vraiment faire beaucoup de bien aux jeunes.

Fin vers 17h00. Mon confrère Ray Fortin arrive pour emmener Maureen à Edenglen. Je viens de mettre mes fichiers pour les enfants de la première communion en ordre. Il me manque encore quelques certificats de baptême pour que tout soit en ordre.

A propos, je suis maintenant un Officier de l'état civil pour les mariages ainsi que pour les serments. En Belgique, seuls les bourgmestres et les notaires peuvent faire ça, si je ne m'abuse. J'ai quand même du passer un examen assez sérieux et attendre environ trois mois pour que ma lettre de nomination arrive.

Voilà à quoi je passe mes weekends. N'hésitez-pas à me faire un petit coucou en postant un commentaire. C'est facile, rapide... et ça fait plaisir.

Philippe

jeudi 19 octobre 2006

Evolution de mon projet

Bonjour,

Je viens d'envoyer un état de la situation de mon projet Thembalabasha à un de mes amis de Belgique. Je décide de mettre en ligne une version simplifiée car cela peut intéresser l'un ou l'autre d'entre vous.

Phase 1: Le centre d'accueil

Nous avons pour l'instant 9 jeunes qui y résident en permanence. Un a réintégré la maison il y a un peu plus d'un mois. La violence de son père était la cause de ses fugues répétées. Aujourd'hui, son père est hospitalisé, atteint du sida, je pense en phase terminale. Aux dernières nouvelles, Joseph va bien et continue d'aller à l'école. Un "nouveau", recruté sur la rue à Lenasia (où je suis curé), a été admis au centre il y a trois semaines. Il a déjà fait deux fugues, mais c'est normal. Il doit se convaincre qu'il a intérêt à changer de comportement. Il n'a plus été à l'école depuis deux ans. Nous espérons pouvoir l'y envoyer dès janvier. Les autres vont bien. Ils deviennent plus "sages" dans tous les sens (wisdom and manageable). La gestion humaine du centre reste souvent difficile car l'éducateur est constamment en train de compromettre son autorité par un désir d'être accepté par les gamins. Je le soutiens et l'encourage autant que je peux.

Je travaille en collaboration avec un collègue qui a un "drop-in-centre" à Johannesbourg même. Il rencontre beaucoup d'enfants qui viennent des squatter camps dans lesquels je travaille. Il est évidemment intéressé à essayer de réunir les enfants avec leurs parents. Nous l'aiderons. Mais, dans la plupart des cas, cela prendra beaucoup de temps. Et donc, il n'est pas impossible que nous devions aggrandir la capacité de notre centre d'accueil.

Nous avons aussi le projet de commencer un élevage de poulets afin de pouvoir devenir éventuellement autonome. Nous avons pour modèle un centre similaire au nôtre au nord de Johannesbourg, qui, apparemment, fonctionne bien. Nous devons encore visiter ce centre.

Phase 2 : Le centre de jour

Le centre de jour représente un énorme potentiel. Une soixantaine de jeunes, dont une bonne dizaine de filles, le fréquentent tous les jours. Malheureusement, je ne peux pas personnellement y consacrer trop de temps, et les éducateurs laissent un peu à désirer. Ils organisent trop peu d'activités et ont tendance à laisser passer le temps sans faire grand' chose. Deux fois par semaine, un de mes paroissiens, qui a un restaurant-take away, offrent de la nourriture pour les soixante jeunes: soit une grosse casserole de "stoemp au poulet" avec du pain et du lait, soit des "kotas", c'est-à-dire des quarts de pain fourrés avec de la viande froide et des frites (un genre de ce que l'on appelle chez nous des mitraillettes). Le prix à payer, c'est que je ne peux pas faire autrement que de passer un peu de temps avec lui pour bavarder. Mais c'est très généreux et cela représente un bon "saving".

Le projet en collaboration avec l'ong française "Ateliers sans frontières" avance doucement. La constitution du dossier pour être partiellement aidés par l'Ambassade de France a été très longue et très difficile. Finalement, nous avons obtenu la subvention. La société française des ciments Lafarge nous a offert le béton pour le coulage d'une dalle de béton de 40 m sur 18 m, futur terrain de sports.Le matériel de sport, financé par l'ong, est arrivé de France, mais nous avons du payer environ 5000€ pour le transport! Dans quelques jours, nous allons installer les goals, les poteaux de basket et de volley-ball.

Entretemps, le container de 12m, financé par une paroisse irlandaise, nous est arrivé. Il est très beau et équipé de 11 tables pour ordinateurs. Nous attendons toujours le raccordement à l'électricité. Dès février 2007, nous y commencerons des classes d'informatique (usage de Microsoft Office, mais aussi des logiciels libres alternatifs, comme Open Office, pour décourager les gens à pirater des logiciels propriétaires). Je compte aussi ouvrir des classes de hardware - software, une initiation à l'utilisation d'Internet, ainsi qu'une initiation aux outils du Web. Pour les plus jeunes, je suis en train de constituer une série d'exercices sur odinateur pour complémentariser leur apprentissage scolaire (surtout en anglais et en math).

J'ai l'espoir d'obtenir un "bakkie" (ce qu'on appelle un pick-up) de marque TATA. C'est une marque indienne de voitures "robustes". Or, la directrice du marketing est une de mes paroisiennes... Elle semble très optimiste que nous puissions obtenir un "sponsorship".

Lenasia Outreach

Je suis curé de la paroisse de Lénasia, juste au sud de Soweto et à 20 kms d'Orange Farm. Le train-Metro y passe et y dépose beaucoup d'enfants fugueurs provenant des banlieues situées au sud d'Orange Farm. Tous les mardis matin, une bonne dizaine d'entre eux viennent à la paroisse pour la messe de 9 heures car, après la messe, il y a une distribution de pains donnés gracieusement par des habitants de Lenasia (aussi bien des catholiques que des hindous ou des musulmans). Une quarantaine d'adultes des squatters camps environnant en bénéficient. Mon assistante sociale me rejoint pour cette matinée et nous offrons aux enfants une douche, un changement de vêtements (nous lessivons les vieux vêtements pour la semaine suivante), un bon déjeûner et une vidéo. L'assistante sociale, "Auntie" comme elle se fait appeler, est excellente. Elle parle beaucoupavec les enfants, plantant la petite graine qui grandira peut-être - InshAllah - vers une réhabilitation familiale ou à notre centre d'accueil. Comme vous le voyez, je ne manque pas d'activités.

Et, la nouvelle du jour: Je serai en Belgique du 17 décembre au 31 janvier.

A titre indicatif, vous pourrez consulter mes engagements pendant ce temps. Cliquez sur le lien Google Calendar pour consulter mon emploi du temps. A bientôt donc.

mardi 17 octobre 2006

Bienvenue dans mon blog

Bonjour...

et bienvenue dans mon blog tout fraîchement créé. Je vais essayer d'y être fidèle!! Je ne sais pas trop par quoi commencer car j'ai tellement à vous raconter. Mais cela viendra petit-à-petit au fil des jours.

Cette semaine, mes deux confrères, Louis et Jacques, sont absents. L'un est au Malawi pour une dizaine de jours et l'autre est en retraite à une cinquantaine de kilomètres d'ici. Par contre, Maureen, une jeune étudiante canadienne nous est arrivée vendredi passé. Elle a passé le week end avec la communauté d'Orange Farm. Depuis hier, elle est avec moi à Lenasia, à ma "seconde résidence" - la paroisse indienne pour laquelle je suis le responsable pastoral. Elle est en Afrique du Sud pour deux mois. Après une période de découverte de tout ce que nous faisons, elle choisira dans quel secteur elle peut nous aider.

Maureen à la paroisse avec les enfants de la rueAu programme aujourd'hui, messe à 9 heures. Des habitants de Lenasia, des chrétiens, mais aussi des musulmans et des hindous, auront apporté du pain en quantité appréciable pour les plus pauvres des squatter camps des alentours. Ce pain est distribué après la messe. Parmi les bénéficiaires, il y a toujours au moins une dizaine d'enfants de la rue, en général plutôt des "africains" (c'est-à-dire des noirs, mais la différenciation raciale est à utiliser avec prudence en Afrique du Sud). Depuis plusieurs mois, tous les mardis matin, l'assistante sociale de mon projet "Thembalabasha Youth Centre" ou plus simplement "TYC", me rejoint à la paroisse. Nous offrons alors aux enfants une douche, un changement de vêtements et nous lessivons ceux qu'ils portaient. Les enfants, de 10 à 18 ans, regardent une video, reçoivent un déjeûner consistant et passent du temps à bavarder avec "Auntie", notre assistante sociale. Plusieurs jeunes ont déjà réintégré leurs familles suite à ces "entretiens" et trois d'entre eux ont été acceptés dans notre "shelter" (centre d'accueil).

LindoLindo a 13 ans. Il ne connait pas son père. Sa mère et sa grand-mère sont toutes deux mortes depuis plusieurs années. Il vivait avec son grand-père et sa petite soeur. Mais celui-ci utilisait l'argent de sa pension (environ 70€ par mois) pour boire. Délaissé et affamé, Lindo décida donc de tenter sa chance dans les rues de Lenasia. Samedi passé, il a dormi au centre d'accueil, juste pour une nuit. Il pourrait se décider à changer de vie. Mais la décision est difficile. Peut-être, un jour... En "bavardant", nous apprenons que trois des plus jeunes, dont Lindo, sont victimes d'abus sexuels par un des adultes vivant sur la rue. Celui-ci a promis de leur faire la peau, ni plus ni moins, s'ils en parlaient, particulièrement à moi. Sizwe, de deux ans leur aîné, a voulu déposer plainte à la police, mais il s'est fait dire d'amener les victimes (qui ne veulent pas car ils ont peur) et que, de toutes façons, pour "déposer" il faut avoir au moins 18 ans. Rien n'est simple! Demain, il faudra que je trouve une solution. Il faudra probablement que j'aille moi-même déposer plainte avec eux. Mais je vais d'abord dormir sur le problème.

Il est tard, je vous laisse pour aujourd'hui.