jeudi 19 octobre 2006

Evolution de mon projet

Bonjour,

Je viens d'envoyer un état de la situation de mon projet Thembalabasha à un de mes amis de Belgique. Je décide de mettre en ligne une version simplifiée car cela peut intéresser l'un ou l'autre d'entre vous.

Phase 1: Le centre d'accueil

Nous avons pour l'instant 9 jeunes qui y résident en permanence. Un a réintégré la maison il y a un peu plus d'un mois. La violence de son père était la cause de ses fugues répétées. Aujourd'hui, son père est hospitalisé, atteint du sida, je pense en phase terminale. Aux dernières nouvelles, Joseph va bien et continue d'aller à l'école. Un "nouveau", recruté sur la rue à Lenasia (où je suis curé), a été admis au centre il y a trois semaines. Il a déjà fait deux fugues, mais c'est normal. Il doit se convaincre qu'il a intérêt à changer de comportement. Il n'a plus été à l'école depuis deux ans. Nous espérons pouvoir l'y envoyer dès janvier. Les autres vont bien. Ils deviennent plus "sages" dans tous les sens (wisdom and manageable). La gestion humaine du centre reste souvent difficile car l'éducateur est constamment en train de compromettre son autorité par un désir d'être accepté par les gamins. Je le soutiens et l'encourage autant que je peux.

Je travaille en collaboration avec un collègue qui a un "drop-in-centre" à Johannesbourg même. Il rencontre beaucoup d'enfants qui viennent des squatter camps dans lesquels je travaille. Il est évidemment intéressé à essayer de réunir les enfants avec leurs parents. Nous l'aiderons. Mais, dans la plupart des cas, cela prendra beaucoup de temps. Et donc, il n'est pas impossible que nous devions aggrandir la capacité de notre centre d'accueil.

Nous avons aussi le projet de commencer un élevage de poulets afin de pouvoir devenir éventuellement autonome. Nous avons pour modèle un centre similaire au nôtre au nord de Johannesbourg, qui, apparemment, fonctionne bien. Nous devons encore visiter ce centre.

Phase 2 : Le centre de jour

Le centre de jour représente un énorme potentiel. Une soixantaine de jeunes, dont une bonne dizaine de filles, le fréquentent tous les jours. Malheureusement, je ne peux pas personnellement y consacrer trop de temps, et les éducateurs laissent un peu à désirer. Ils organisent trop peu d'activités et ont tendance à laisser passer le temps sans faire grand' chose. Deux fois par semaine, un de mes paroissiens, qui a un restaurant-take away, offrent de la nourriture pour les soixante jeunes: soit une grosse casserole de "stoemp au poulet" avec du pain et du lait, soit des "kotas", c'est-à-dire des quarts de pain fourrés avec de la viande froide et des frites (un genre de ce que l'on appelle chez nous des mitraillettes). Le prix à payer, c'est que je ne peux pas faire autrement que de passer un peu de temps avec lui pour bavarder. Mais c'est très généreux et cela représente un bon "saving".

Le projet en collaboration avec l'ong française "Ateliers sans frontières" avance doucement. La constitution du dossier pour être partiellement aidés par l'Ambassade de France a été très longue et très difficile. Finalement, nous avons obtenu la subvention. La société française des ciments Lafarge nous a offert le béton pour le coulage d'une dalle de béton de 40 m sur 18 m, futur terrain de sports.Le matériel de sport, financé par l'ong, est arrivé de France, mais nous avons du payer environ 5000€ pour le transport! Dans quelques jours, nous allons installer les goals, les poteaux de basket et de volley-ball.

Entretemps, le container de 12m, financé par une paroisse irlandaise, nous est arrivé. Il est très beau et équipé de 11 tables pour ordinateurs. Nous attendons toujours le raccordement à l'électricité. Dès février 2007, nous y commencerons des classes d'informatique (usage de Microsoft Office, mais aussi des logiciels libres alternatifs, comme Open Office, pour décourager les gens à pirater des logiciels propriétaires). Je compte aussi ouvrir des classes de hardware - software, une initiation à l'utilisation d'Internet, ainsi qu'une initiation aux outils du Web. Pour les plus jeunes, je suis en train de constituer une série d'exercices sur odinateur pour complémentariser leur apprentissage scolaire (surtout en anglais et en math).

J'ai l'espoir d'obtenir un "bakkie" (ce qu'on appelle un pick-up) de marque TATA. C'est une marque indienne de voitures "robustes". Or, la directrice du marketing est une de mes paroisiennes... Elle semble très optimiste que nous puissions obtenir un "sponsorship".

Lenasia Outreach

Je suis curé de la paroisse de Lénasia, juste au sud de Soweto et à 20 kms d'Orange Farm. Le train-Metro y passe et y dépose beaucoup d'enfants fugueurs provenant des banlieues situées au sud d'Orange Farm. Tous les mardis matin, une bonne dizaine d'entre eux viennent à la paroisse pour la messe de 9 heures car, après la messe, il y a une distribution de pains donnés gracieusement par des habitants de Lenasia (aussi bien des catholiques que des hindous ou des musulmans). Une quarantaine d'adultes des squatters camps environnant en bénéficient. Mon assistante sociale me rejoint pour cette matinée et nous offrons aux enfants une douche, un changement de vêtements (nous lessivons les vieux vêtements pour la semaine suivante), un bon déjeûner et une vidéo. L'assistante sociale, "Auntie" comme elle se fait appeler, est excellente. Elle parle beaucoupavec les enfants, plantant la petite graine qui grandira peut-être - InshAllah - vers une réhabilitation familiale ou à notre centre d'accueil. Comme vous le voyez, je ne manque pas d'activités.

Et, la nouvelle du jour: Je serai en Belgique du 17 décembre au 31 janvier.

A titre indicatif, vous pourrez consulter mes engagements pendant ce temps. Cliquez sur le lien Google Calendar pour consulter mon emploi du temps. A bientôt donc.

1 commentaire:

Mo a dit…

Your first comment! Hooray!! When I first wrote, and it wouldn't post, I was saying how some people back home could hardly understand how it was a difficult decision for the street boys to leave and come to the center. They didn't really understand that they wanted their freedom, and not to follow rules. To the people back home it is a "no-brainer" that they enter the center - but like you explained, it's just not that simple. I kind of wish that there was a way to translate the whole thing and show it to some people back home (who know no French), since it so perfectly explains what you're doing here. signing off, from the room next to you,
Maureen