vendredi 18 novembre 2011

Quelques nouvelles

Bien chers amis,

« This letter is long overdue », comme disent les anglais. Je vous la dois depuis trop longtemps. Non pas que je vous oublie, mais la longueur du temps qui passe, comme vous en faites sans doute l'expérience, est relative au degré d'occupation. Au plus je cours de gauche et de droite, au moins je me rends compte du temps qui passe. Est-ce que cela aurait à voir avec la théorie de la relativité ? ... Quoi qu'il en soit, cela va bientôt faire un an que je suis à Merrivale, investi de nouvelles responsabilités et beaucoup d'eau est passée sous le pont depuis le 1er janvier.

Mens Sana in Corpore Sano

Une fois n'est pas coutume, je commence par vous donner quelques nouvelles personnelles. En février, je voyais un chirurgien qui me disait que deux opérations de la hanche gauche, puis de la hanche droite, étaient à envisager d'urgence... à moins qu'une perte de poids sensible ne retarde l'échéance. J'ai pris mon courage à deux mains et j'ai perdu, jusqu'à présent, la moitié de ce que je
devrais perdre pour arriver à un poids idéal. L'autre moitié est au programme, mais ce n'est pas toujours facile de suivre une bonne hygiène de vie lorsque les préoccupations quotidiennes prennent le dessus. Toujours est-il qu'une opération n'est plus au programme pour l'instant. Le chirurgien avait donc bien raison, même si les antécédents familiaux et les radios de mes hanches ne laissent aucun
doute quant à une intervention chirurgicale future. Mais je ne suis pas pressé du tout.

Formation

Mes nouvelles fonctions sont multiples. Je réside dans un centre de formation des Missionnaires d'Afrique, la dernière étape de la formation (quatre dernières années de dix). Ce centre s'est installé en Afrique du Sud il y a trois ans et compte pour l'instant 10 étudiants en provenance de six pays – Congo, Inde, Zambie, Ouganda, Ethiopie, Mali. En janvier nous arriveront trois nouveaux étudiants du
Mexique, de Tanzanie et de Pologne. Je fais donc partie de l'équipe de formation, tâche que je découvre avec intérêt, mais qui est beaucoup plus contraignante que je ne l'imaginais. Les étudiants sont tous des adultes ; ils ont entre 25 et 35 ans. Et pourtant, dans le contexte de la formation, la dynamique du groupe n'est pas toujours des plus apaisante. Chacun des formateurs vit en équipe avec trois ou quatre étudiants. Nous sommes bien sûr égaux, mais pas complètement puisque les formateurs doivent évaluer régulièrement les progrès des étudiants, au niveau de leurs études mais aussi aussi de leur qualités humaines et communautaires. Sur les six qui ont demandé à prononcer leur serment missionnaire et à être ordonnés diacres cette année, trois seulement ont été appelés. Nous envoyons rapport et recommandation pour chacun des candidats, mais c'est le conseil de leur province d'origine qui décide de les appeler, de les retarder ou de les révoquer en fonction des informations dont il dispose. Les trois élus feront leur serment le 2 décembre et seront ordonnés diacres le lendemain dans une de nos églises. Dans un an, ils termineront leurs études et seront alors ordonnés prêtres, si tout va bien, dans leur pays d'origine. Les trois autres feront l'objet d'une nouvelle évaluation aux alentours de Pâques 2012.

Le temporel

Les deux confrères avec qui je partage la tâche, souvent ingrate, de formateur, sont Raphaël, originaire du Congo, qui est le recteur du Centre de Formation, et Quinbert, de Tanzanie, qui enseigne la Bible à l'Institut de Théologie de Cédara où étudient nos candidats. Ma tâche spécifique dans l'équipe de formation est l'économat. Cette année particulièrement, la tâche est importante à cause
de la construction d'un énorme centre de formation à quelques kilomètres d'où nous résidons pour l'instant. En effet, nous louons – fort cher – des bâtiments qui appartiennent à une autre congrégation. L'administration centrale des Missionnaires d'Afrique à Rome nous a confié la tâche de construire un centre qui pourra accueillir dans le futur jusqu'à une quarantaine de candidats. La
construction du nouveau centre se terminera aux alentours de juin l'an prochain. Je suis, pour l'instant, occupé à établir les budgets ordinaire (la vie quotidienne, les études, la logistique) et extraordinaire (ce qui reste à construire plus tout l'équipement) pour l'année prochaine. L'échéance est pour la fin du mois de novembre ! Encore une fois, le travail qui me semblait être relativement
facile s'est avéré être complexe en relations humaines et contraignant au niveau du temps. Par exemple, au début octobre, les étudiants ont eu un accident de voiture en se rendant à l'Institut de Théologie. Aucun n'a été sérieusement blessé, mais la voiture, elle, ne s'en est pas sortie. Le remboursement de l'assurance n'étant pas suffisant pour l'achat d'un autre véhicule de capacité équivalente, il a fallu faire preuve de créativité pour mettre à la disposition des étudiants un moyen de transport adéquat. Peu de temps après, la deuxième voiture des  étudiants, une Renault Scénic de 2001 (275.000 kms) a rendu l'âme après avoir roulé sans eau... Il a fallu lui trouver une « âme » d'occasion, c'est-à-dire un moteur. Après en avoir essayé trois, la Renault a repris la route. Aujourd'hui
même, je dois me rendre à un centre de contrôle pour recevoir la nouvelle « carte grise » reprenant le numéro du « nouveau » moteur... Voilà qui est fait. Je viens d'y passer 6 heures !

La Paroisse

Je reprends ma lettre après trois jours passés à diverses activités liées à la préparation de l'ordination et à notre futur centre de formation. Je viens de terminer le premier jet de la préparation liturgique de l'ordination qui aura lieu dans un de nos centres pastoraux, le seul qui ait une église décente, Lidgetton.
Mes services rendus au centre de formation des Missionnaires d'Afrique ne me permettent pas de passer autant de temps que je voudrais à rencontrer les paroissiens. Pourtant, il y a beaucoup à faire.

A Pâques de l'année prochaine, les Missionnaires d'Afrique d'Orange Farm (à Johannesbourg) se retireront après plus de quinze ans de bons et loyaux services. Deux confrères viendront probablement renforcer notre équipe, non pas pour la formation, mais pour la paroisse. Nous voudrions élargir notre champ pastoral à la paroisse de Mpophomeni, dont je vous parlais l'année passée. Mais il faudra que je trouve de bons arguments pour être un plus libre pour m'en occuper.
Après pas mal de résistance, quelques uns de nos étudiants se sont finalement impliqués dans la pastorale de notre paroisse. Tout est à faire ! Vie chrétienne, inculturation, catéchèse, finances, communautés de base, formation des jeunes, pastorale des malades, formation des agents pastoraux... La demande des gens est grande et enthousiaste, même si leurs motivations ne sont pas toujours celles que nous espérons.

Y.E.S.

Je suis toujours aumônier national de Yes Encounter Spirit, un mouvement qui promeut une meilleure gestion des relations aux autres, à soi-même et à Dieu. Beaucoup de participants à nos week-ends y ont commencé un travail important de guérison sur eux-mêmes après avoir vécu des situations très perturbantes dans leurs relations avec leurs parents, familles et connaissances. La semaine prochaine, je vais à Orange Farm comme aumônier d'un weekend pour les jeunes de la confirmation. J'y emmènerai quatre jeunes de la paroisse de Lidgetton afin qu'ils expérimentent le programme et que nous puissions le commencer dans notre paroisse fin de l'année prochaine.

T.Y.C. et nouvelles de Child in the Sun

Les jeunes de Thembalabasha continuent à bien progresser. Trois d'entre eux résident en permanence chez « Auntie », notre éducatrice, deux autres viennent tous les après-midis chez elle pour étudier, et le dernier travaille dans un  restaurant indien de Lenasia où il est bien coté. Je suis en contact téléphonique tout le temps avec eux et je les visite chaque fois que je vais à Johannesbourg
(quand même 500kms). Je suis maintenant en contact fréquent avec au moins six anciens de Child in the Sun, un précédent projet dont je me suis occupé de 1992 à 1996 en Tanzanie. Ex-gamins de la rue, ils sont maintenant tous mariés, ont des enfants, et se portent bien. Ils veulent absolument que je passe par la Tanzanie
pour les revoir.

En conclusion

Je me propose d'arrêter ici pour l'instant, sinon cette lettre ne partira jamais. J'aurais bien d'autres choses à vous partager, mais j'en laisse pour la prochaine fois :o). Je vous remercie pour votre soutien. Je vous souhaite une bonne fin d'année et une excellente montée vers la fête de Noël.

Amitiés,

Philippe